Titre
Buste reliquaire de sainte Marguerite
Localisation
Suisse / Genève / Musée d'art et d'histoire
Auteur
Peter ou Mattelin Vuarser (Genève)
Propriété
Genève, Musée d’Art et d’Histoire
Technique
Sculpté, infimes traces polychromie et de dorure, avec cavité rectangulaire dans le dos
Mesures
cm 30.5 (h) x 25.5 (l) x 15.5 (p)
Bibliographie
Baiocco Simone, Morand Marie Claude (dir), Des saints et des hommes : L'image des saints dans les Alpes occidentales à la fin du Moyen Âge, [cat. d'exposition, Chambéry, Château des ducs de Savoie, 3 mai- 31 décembre 2013; Sion, Centre d'exposition de l'Ancien Pénitencier, 17 mai - 22 septembre 2013; Genève, Maison Tavel, 31 mai - 22 septembre 2013; Annecy, Musée-Château, 7 juin - 22 septembre 2013; Aoste, Musée du trésor de la cathédrale, 28 juin - 22 septembre 2013; Suse, Musée diocésain, 29 juin - 22 septembre 2013], Milan, 2013, p. 75-76.
Deonna Waldemar, Collections archéologiques et historiques : Moyen Age et Temps Modernes, Genève, Musée d'art et d'histoire, 1929, p. 11.
Lapaire Claude, Musée d'art et d'histoire, Genève, Genève/Zurich, 1991, p. 58, n° 63, fig.
Lapaire Claude, Sculptures sur bois du Moyen Age, Images du Musée d'art et d'histoire, n° 30, Genève, 1986, n° 21, p. 31, fig.
Notes historiques
Légèrement remaniée, la statue se présente probablement dans son aspect médiéval et, pourvue d’une cavité dans le dos, elle a dû former un buste reliquaire dès l’origine. Des traces infimes de polychromie et de dorure indiquent qu’il était peint et doré.
Le médecin et politicien Louis André Gosse (1791-1873) a fait don de ce buste en 1820 au Musée académique de Genève (1818-1872), qui conservait notamment des collections d'archéologie et d’histoire régionales, en précisant qu’il se trouvait à Mornex (Haute-Savoie) près de Genève. C'est certainement de son père, Henri Albert Gosse (1753-1816), qu'il tenait cette statue, puisque ce dernier avait acquis en 1802 dans le village de Mornex une propriété comprenant les ruines du château et y résidait régulièrement. Provenant selon toute vraisemblance d’une église genevoise, ce reliquaire a pu y être emmené pour échapper à des actes iconoclastes, peut-être au moment de la Réforme en 1536.
La jeune sainte est richement vêtue et coiffée d’un demi-diadème à cabochons et pierres précieuses, posé sur une chevelure qui s’enroule derrière la tête en larges tresses serties dans une résille constellée de perles. Ce type de coiffe est à la mode à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Le décolleté de la robe s’orne de dentelle et également de perles. Assurément non fortuite, cette abondance de perles a une signification symbolique et identitaire. En l'absence d’attribut, la présence appuyée des perles désigne sainte Marguerite, celles-ci rappelant l'origine de son nom latin margarita (perle). Issue d'une noble famille, Marguerite, née à Antioche au IIIe siècle, est représentée traditionnellement coiffée d’un diadème et vêtue d’étoffes luxueuses, qui, comme la chevelure, sont semées de fines perles. En Orient, la sainte est vénérée très tôt, tandis qu’en Occident, son culte commence au VIIe siècle. Durant tout le Moyen Âge, elle fait l’objet d’une grande ferveur populaire, en particulier de la part des femmes. Comme Catherine et Barbe, elle fait partie dès le XIVe siècle des Quatorze saints auxiliaires qui sont reconnus pour l’efficacité de leur aide. En référence à son nom, elle est vénérée par les bijoutiers, les maçons et les tailleurs de pierre. Dans les territoires de l’ancien duché de Savoie, en Valais et à Genève en particulier, les fidèles semblent avoir voué à la sainte un culte important.
De très belle qualité, la sculpture présente un modelé finement nuancé : le visage ovale aux formes pleines et gracieuses se caractérise par un haut front à la courbe adoucie, des sourcils à peine marqués, des yeux en amande peu enfoncés, des joues légèrement saillantes ; la naissance du cou est bien en chair ; le cou, les épaules ainsi que les seins ont un relief plus prononcé mais souple et subtil. Les ornements élégants parachèvent l’harmonie générale. La fine facture et le rendu soigné sont le fait d'un artiste talentueux, probablement établi à Genève étant donné la provenance de la pièce. On pense en particulier aux sculpteurs sur bois Peter Vuarser et son fils Mattelin qui dirigent l’un des ateliers les plus prolifiques à Genève de 1470 à 1530. De leurs œuvres attestées ou attribuées, un panneau sculpté représentant le Christ en croix qui est datable de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle (conservé au Musée d’art et d’histoire de Genève, inv. 5251) ainsi que, surtout, les stalles de Saint-Jean-de-Maurienne (1498) affichent le même modelé, une conception corporelle identique et des détails semblables. De cet ensemble, les jeunes saintes et la Vierge à L’Enfant sont à rapprocher de notre Marguerite. On y retrouve le visage ovale, son modelé adouci, ses traits particuliers et le cou bien en chair. Contemporain de ces stalles, le buste de Marguerite est sans doute issu de cet atelier.
Expositions
Ferveurs médiévales. Représentation des saints dans les Alpes, Genève, Maison Tavel, 30.05. - 22.09.2013