Localizzazione
Francia / Annecy / Musée-Château
Autore
Scultore savoiardo
Proprietà
Annecy, Musée-Château
Provenienza
Talloires, chiesa abbaziale
Misure
cm 40,7 (h) x 78.5 (l) x 26.4 (pr)
Bibliografia
Albanis-Beaumont J.F., Les Alpes Grecques et cottiennes, vol. I, Paris 1802, p. 207-209
Grillet (Jean-Louis), Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départemens du Mont-Blanc et du Léman, Chambéry, 1807, p. 397
Brasier V., Etude sur les origines du prieuré de Talloires, Annecy 1887
Marteaux (C.), Serand (J.), Catalogue descriptif du musée lapidaire, musée de la ville d’Annecy, Annecy, 1893, cat.1-2, p.35-39
Le Roux (Marc), « Une salle de l’art français de Moyen Age au musée d’Annecy », Revue savoisienne, 1910, p.220-221
Boekholt C., Talloires, son histoire à travers les siècles, 1977
Boekholt (Christiane), « Le prieuré de Talloires, plans et documents inédits », Revue savoisienne, 1983, p. 27, 29
Marin-David S., Inventaire de la sculpture religieuse en Savoie et Haute-Savoie, Conservation départementale du patrimoine de la Savoie et de la Haute-Savoie, 2000 (version informatisée) -
Note storiche
Ce bas-relief, de même que son pendant inv.16247.2, provient de l’ancienne abbaye de Talloires, fondée au XIe siècle sur les rives du lac d’Annecy. Leur emplacement exact reste difficile à définir. Selon Brasier (1887), ils servaient de chapiteau à l’une des six colonnes qui décoraient le portail de l’église abbatiale. Il reprend la description d’Albanis-Beaumont qui écrivait en 1802, insistant sur l’aspect primitif de ces deux reliefs : ils sont placés « à l’entrée de l’église de Taloire sur deux espèces de pilastres en forme de chapiteaux (…) ». Ils « sont en marbre gris, et ont environ deux pieds et demi de haut sur presque autant de large (…). Les pilastres qui supportent ces bas-reliefs, ainsi que les colonnes qui ornent la porte d’entrée de l’église de Taloire ont visiblement servis dans leur origine à une autre édifice (…) ». Christiane Boekholt propose de comparer la composition ainsi décrite du porche de l’église de Talloires avec celle du porche de l’église de Lutry près de Lausanne, rapprochement d’autant plus pertinent que cette église abbatiale fut également construite au XIe siècle par des moines bénédictins dépendant de l’abbaye de Savigny. Elle reprend un même plan bipartite : une partie réservée aux moines au niveau du chœur et une nef mise à disposition de la paroisse. Cette comparaison pourrait donner une idée de la disposition des reliefs aujourd’hui au Musée-Château.
Lorsque la Révolution condamna l’abbaye, C.-H. Despine récupéra ces morceaux de sculpture et les transporta dans sa propriété où ils restèrent jusqu’en 1863 lorsqu’il en fit don au musée d’Annecy.
Deux autres chapiteaux de Talloires se trouvent dans un oratoire sur la route de Menthon à Talloires (Paul Dufournet, « Les oratoires de Savoie », Revue savoisienne, 1er et 2nd trim. 1953, p. 66). Il s’agit de chapiteaux à feuillages d’une facture simplifiée. Selon Marteaux et Serand, ils ornaient les dix piliers de la grande nef (1893, p. 36). Deux autres chapiteaux seraient dans une collection particulière à Talloires (Boekholt, 1977).
L’interprétation reste complexe, les deux reliefs se faisaient certainement pendant, peut-être installés de chaque côté du porche. Le premier montre une sorte de monstre à tête d’oiseau, couvert d’une peau de bête, les pieds griffus, qui vient de décocher une flèche à un centaure coiffé d’une calotte qui s’enfuit déjà, blessé au flanc. Le centaure porte un arc. L’autre relief représente une figure de Cerbère, le chien à trois têtes appartenant à la mythologie grecque, ici à têtes de lion, de chèvre et de serpent (?), blessée par la même flèche, également tirée par le personnage griffu du premier relief (?). A ses côtés se tient un homme sauvage, petit personnage difforme, nu, les genoux repliés. Cahier a donné une interprétation de ces figures : il s’agit de l’homme sauvage qui débarrasse la Terre des monstres représentant le pêché en tuant le centaure et la chimère. L’homme souriant symboliserait l’âme sauvée, ayant échappé aux deux monstres (Nouveaux mélanges d’archéologie et d’histoire, cité dans Le Roux, 1910).
La taille assez frustre des reliefs et le manque de modelé peuvent s’expliquer par la qualité de la pierre, un calcaire assez dur. Cependant il faut noter les tentatives réussies du sculpteur pour s’affranchir de la forme du chapiteau avec lequel il joue dans la composition des scènes, comme avec les pattes du personnage griffu dont les serres s’accrochent à la bordure ou encore avec les têtes du Cerbère qui semblent se déployer en éventail. La qualité des détails est sensible dans la représentation des matières, poils, plumes, écailles. Peu d’œuvres comparables existent sur le territoire. Dans la crypte de l’église Saint-Hyppolyte de Thonon, les atlantes présentent un même visage à la mâchoire carrée, les yeux ronds autrefois incrustés de plomb, les corps ramassés, les mains sur les genoux dans une attitude qui rappelle celle de l’homme sauvage sur le chapiteau de Cerbère à Talloires. Datés de manières plus ou moins fantaisiste du IXe ou du XIe siècle, en fonction des grands épisodes datés de l’histoire de l’abbaye, les chapiteaux de Talloires sont plus vraisemblablement à dater de la fin du XIe ou de la première moitié du XIIe siècle. Cependant les éléments de comparaison font défaut pour préciser cette datation. Ils sont un des rares témoignages de l’art roman sur le territoire savoyard et illustrent par la complexité du discours historié, l’importance de l’abbaye de Talloires, dont peu d’œuvres ont été préservées.
Restauri
- 2019 - Lionel Lefèvre, Lyon
L'épiderme était grisâtre, sali par l’empoussièrement. Une coulure de cire apparaissait sur la face au centre, masquant une veine plus sombre de la pierre. Le bas-relief a été nettoyé par jet de vapeur et microsablage.