Saint Jean-Baptiste

Titre
Saint Jean-Baptiste
Localisation
France / Annecy / Musée-Château
Auteur
Savoie
Propriété
Annecy, Musée-Château
Provenance
Inconnue
TAG
religieux, sculpture
Siècle
XVI
Période
première moitié
Inventaire
MC 2011.0.1404
Matière
bois
Technique
bois sculpté en ronde-bosse
Mesures
cm 138 (h) x 32 (l) x 20 (p)
Bibliographie
Marin-David S., Inventaire de la sculpture religieuse en Savoie et Haute-Savoie, Conservation départementale du patrimoine de la Savoie et de la Haute-Savoie, 2000 (version informatisée) - Sandrine Boisset Thermes, La sculpture en Savoie. Ateliers, artistes et commanditaires à Chambéry et dans sa région (vers 1480-vers 1530), Thèse, Université Grenoble Alpes, 2015, notice 41 (inédite)
Notes historiques
Le vêtement et la présence de l'agneau permettent d'identifier cette figure à saint Jean-Baptiste. Le culte de saint Jean-Baptiste est particulièrement important au Moyen Age, notamment dans le duché de Savoie qui accueille les premières reliques du saint parvenue en Occident, à Saint-Jean-de-Maurienne, puis à Aoste. Le recensement des autels paroissiaux du duché de Savoie entre le 15e et le 16e siècle, réalisé sur la base des visites pastorales effectuées par les évêques dans leur diocèse, témoigne de l'importance du culte du saint. Il apparaît en effet avec constance dans les dédicaces, aux côtés de la Vierge à l'Enfant, de l'apôtre Pierre et des saints thaumaturges saint Antoine abbé et saint Sébastien. La dizaine de statues du saint encore conservées sur le territoire et les dorsaux de stalles sur lesquels il est représenté, comme dans la cathédrale Saint-Pierre de Moûtiers, confirment cette analyse. Il apparaît également dans plusieurs cycles de peintures murales, dans la chapelle de Vulmix à Bourg-Saint-Maurice consacrée à saint Grat, célèbre pour avoir ramené d'Orient le chef du saint et déposé sa mâchoire à Aoste ou encore dans la chapelle de Concise à Thonon qui présente des épisodes de la vie du saint. Le saint Jean-Baptiste d’Annecy reprend un modèle iconographique courant et largement diffusé dans la Savoie médiévale. Le saint se tient debout, les pieds nus. Il est représenté âgé, la barbe et les cheveux longs, amaigri, archétype de l'ermite au désert. Il est vêtu d'une tunique simple en peau de chameau ou de mouton, serrée à la taille par une ceinture en cordelette tressée et échancrée au niveau des bras et des jambes. La tête décharnée de l'animal repose au sol. Légèrement déhanché, il devait montrer l’agneau de la main droite avant une restauration récente qui a modifié la position du bras. Cette composition se retrouve sur plusieurs figures sculptées du saint, dans l'église paroissiale d'Argonay en Haute-Savoie ou encore dans les collections du Musée Savoisien de Chambéry (inv. D 8668-368). Elle se rapproche également du saint Jean-Baptiste appartenant aux collections du château de Montrottier (inv. 2984), dans la disposition générale de la sculpture comme dans les détails : la tête de l'animal aplatie au sol qui apparaît entre les jambes du saint, les oreilles tombantes, la mâchoire inférieure légèrement en avant, les orbites creuses, l'ondulation centrale du pli formé par l'encolure, la crispation des orteils, légèrement repliés, le traitement piqueté de la peau de l'animal et de la tunique, le livre qui présente le même motif de fermoir sur la tranche, la position de l'agneau, une patte avant repliée sous le corps, l'autre fléchie, sur le point de se redresser, la tête tournée vers le saint. Cette profusion de similitudes indique que les deux œuvres dérivent d'un même modèle sculpté ou gravé. La sculpture est d’une grande finesse et montre une bonne connaissance anatomique; la même minutie se note dans les détails de la tunique, le pan du manteau retenu par la ceinture tressée. Le traitement de la chevelure en grosses mèches systématiques encadrant symétriquement le visage et descendant souplement sur l’épaule, les arcades sourcilières fortement marquées, rectilignes, les yeux proches du nez et le front court rapprochent le saint Jean-Baptiste d’Annecy de la figure de saint André à Aussois, œuvre malheureusement actuellement tellement défigurée par une lourde polychromie moderne et un fort encrassement qu’il est délicat de se prononcer plus avant. D’une manière plus évidente, elle se rapproche également d’une figure identifiée sans certitude à saint Claude et conservée dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Cassin (Savoie). Si la statue d’Annecy montre un canon plus élancé, les deux œuvres appartiennent à un même milieu de production, précisément étudié par Sandrine Boisset Thermes dans sa thèse consacrée aux ateliers de sculpteurs de la région de Chambéry. Silvia Piretta a également lié le saint Jean-Baptiste d’Annecy au groupe de la Pietà de la chapelle de Monthoux (Saint-Jean-le-Chevelu), au saint Jean-Baptiste du Musée Savoisien et au saint Roch de l’église paroissiale de Barberaz, position que ne suit pas Sandrine Boisset Thermes qui ne retient pas l’œuvre d’Annecy dans son corpus. La familiarité entre cet ensemble d’œuvres semble cependant bien marquée et permet de rattacher le saint Jean-Baptiste d’Annecy à ce milieu de production localisé dans la région de Chambéry au début du XVIe siècle et peut-être à un atelier commun.
Expositions
Sculpture gothique dans les Etats de Savoie 1200-1500, cat. de l’exposition, Chambéry-Annecy, Chambéry, éditions Comp'Act, 2003, p. 120-122, n° 32, notice de Silvia Piretta -

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